CER Veymont et Moucherotte

Au sein d’un unique site niché au cœur du massif du Vercors, les Centres Educatifs Renforcés (CER) accueillent de jeunes mineurs délinquants dans le cadre d’un séjour de rupture visant à favoriser la réinsertion de ces jeunes en rupture avec la société.

La gestion des CER Veymont et Moucherotte a été confiée à l’association Sauvegarde Isère dans le cadre d’une une mission de service public, par le biais de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ).

Le CER Veymont accueille, sur des sessions de 5 mois et demi, 6 mineurs garçons âgés de 16 à 17 ans.
Le CER Moucherotte accueille lui, dans la même structure et sur une durée identique, 6 mineurs garçons âgés de 13 à 16 ans.

Tous sont des délinquants multirécidivistes placés par les juges des enfants dans le cadre de l’ordonnance de 1945* : en matière de justice pénale des mineurs, cette ordonnance privilégie l’action éducative sur l’action répressive.

*«Il est peu de problèmes aussi graves que ceux qui concernent la protection de l’enfance, et parmi eux, ceux qui ont trait au sort de l’enfance traduite en justice. La France n’est pas assez riche d’enfants pour qu’elle ait le droit de négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains ».
Extrait de l’exposé des motifs de l’Ordonnance du 2 février 1945

Le CER en images :

Le dispositif proposé par les CER consiste donc en un placement des jeunes dans le centre pour une durée fixe de 5 mois et demi afin d’accompagner, d’éduquer et d’insérer ces mineurs en difficulté.

Ce placement permet au jeune de prendre de la distance avec ses habitudes de vie et de préparer les conditions d’une insertion sociale et professionnelle par l’intermédiaire d’un projet de sortie, défini et réalisé dans le cadre d’une démarche individualisée du jeune.

Obligeant à une rupture complète avec leur cadre de vie, la prise en charge se déroule en 3 phases distinctes et très évolutives.

- Le séjour de rupture : pour rompre avec leur cadre de vie habituel,
- La phase de remobilisation : pour construire et se projeter dans un projet personnel,
- La phase des stages en entreprise pour préparer de façon concrète l’après CER.

Un encadrement basé sur la règle

Le CER impose aux jeunes un règlement très strict : chaque étape du quotidien est encadrée par des règles. Heure du lever, du coucher, nettoyage des chambres et des espaces communs, cuisine, prise des repas en commun : chaque moment de la journée est encadré par des règles et des sanctions correspondantes en cas de non-respect. Ce cadre représente la base de la prise en charge de ces jeunes qui évoluaient jusque-là totalement hors contraintes.


Le séjour de rupture

Le séjour de rupture, d’une durée totale de 6 semaines, est composé de :
- 3 semaines continues de randonnée en moyenne montagne,
- 1 semaine de spéléologie,
- 1 semaine d’escalade ou de via ferrata,
- 1 semaine de randonnée équestre.

Cette première phase consiste à provoquer la rupture et l’éloignement du jeune de son cadre de vie habituel :
- Rupture avec son mode et son rythme de vie,
- Rupture dans son comportement avec autrui : les adultes mais aussi les autres jeunes,
- Rupture de l’image qu’il a de lui-même et de sa relation aux autres,
- Rupture de son histoire personnelle.

Durant cette phase, le groupe de 6 jeunes bénéficie d’un encadrement renforcé composé de 3 éducateurs spécialisés et d’un guide de haute montagne, qui assure la sécurité et l’itinéraire pour le groupe.

La découverte d’un univers 100% naturel, les nuits en refuge ou en campement, l’effort physique : ces activités permettent au jeune d’appréhender l’esprit d’équipe, la relation à l’autre, la solidarité et le sens des responsabilités. Cette première phase, souvent vécue comme un électrochoc, permet au jeune de se confronter à ses limites, ce qui constitue un premier pas vers la maîtrise de soi.

Cette rupture, qui implique une distanciation et un changement complet des repères a pour objectif de faire prendre au jeune du recul vis-à-vis d’un univers et d’une spirale de délinquance dont il peut parfois se retrouver prisonnier.

A l’issue du séjour de rupture, les jeunes réintègrent le CER.


La phase de remobilisation

Cette seconde phase de remobilisation a pour objectif de développer le potentiel de chaque jeune. Volonté, participation, persévérance et engagement sont les maîtres mots de cette période de 2 mois.

Les ateliers pédagogiques leur permettent de découvrir de multiples activités : sport, cuisine, musique assistée par ordinateur, percussions, métallerie et soudure, jardinage et mécanique (vélo – VTT). La scolarité, en classe, n’a lieu que deux matinées par semaine.

Pendant cette phase, trois retours en famille sont prévus, ils permettent au jeune de reprendre contact avec leurs habitudes, de reconnecter avec leur vie, après la phase de rupture. Ces visites sont autorisées ou non par le juge en fonction du comportement du jeune et des appréciations du centre.


La phase de stage

La dernière phase de séjour est dédiée, pour les plus âgés, aux stages individuels en entreprise. A partir des ateliers, des appétences métiers sont identifiées et peuvent orienter le choix du stage. Si un jeune a une idée plus ou moins précise de son projet professionnel, le stage sera professionnalisant, avec l’objectif de pouvoir poursuivre dans cette voie à la sortie du CER. Ceux qui ne savent pas encore ce qu’ils souhaitent faire effectueront des stages de découverte.

Le CER dispose d’un réseau d’artisans sur le plateau du Vercors et sur Grenoble qui ont l’habitude d’accueillir ces jeunes en stage. Lors de ceux-ci, les jeunes prennent conscience qu’ils sont capables de réaliser beaucoup de chose et que des adultes peuvent leur faire confiance.

Pour les jeunes de Veymont, qui ne peuvent légalement pas effectuer de stage en entreprise, c’est le maintien des ateliers sur cette période, avec la proposition de stages de très courte durée : quelques demi-journées par semaine.


Le projet de réinsertion

Les adolescents qui arrivent ici sont abimés, tant sur le plan de la santé que sur le plan psychologique. Beaucoup souffrent d’addictions, l’éducation de base a été souvent inexistante. Le centre doit alors créer une réelle rupture, leur proposer un cadre différent de tout ce qu’ils ont pu connaitre auparavant et imposer un nouveau cadre.

Le CER n’est pas fermé, si un jeune veut fuguer, il peut partir. C’est le lien, la confiance, créés avec les personnels qui vont le retenir. Le suivi éducatif est particulièrement renforcé : deux éducateurs sont toujours présents pour 6 enfants (contre une moyenne d’un éducateur pour 12 jeunes dans d’autres centres).

Tout au long de leur placement, les jeunes sont suivis par un psychologue des CER à raison d'un entretien hebdomadaire au minimum et suivi par un éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse, externe au centre. En lien avec l’éducateur référent du CER, ils travaillent avec le jeune sur le projet de sortie. Retour à la scolarité, formation en MFR (Maisons familiales rurales) ou apprentissage, il est primordial que le jeune conserve un projet, un cadre à la sortie du centre pour ne pas perdre les efforts réalisés. Au centre, le jeune a retrouvé des repères, une réelle volonté de poursuivre un projet, il ne faut pas de rupture de cadre pour réussir son insertion.